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[ UN PEUPLE ET UN PAYS FASCINANTS ]
La première fois où j'ai entendu parler du Zanskar, c'était à la télévision, dans l'émission de France-3, "Faut pas rêver". Reculé, le Zanskar est isolé du reste du monde près de 8 mois par an. L'été, les 10,000 habitants du royaume ont environ 3 mois pour faire leurs réserves d'orge et de fourrage. Puis l'hiver venu, la température descend à -30º. Plus question donc de quitter les villages qui ont pour nom Tahan, Karsha, Tzazar, Pishu... Les Zanskari se retranchent alors dans leurs maisons. Ils y vivent dans la cuisine, qui fait office de pièce principale, et où la température avoisine les -2 degrés. Paradoxalement, c'est l'hiver qui désenclave le Zanskar. La neige et la glace créent un passage qui permet de rejoindre Leh, la capitale du Ladakh, à environ 150 kilomètres au Nord. Et c'est à Leh se trouve l'école où les Zanskari envoient leurs enfants recevoir l'éducation qu'ils n'ont pas eue. En effet, malgré leur isolement, les Zanskari sont assez sages pour souffrir de leur manque d'éducation. Un homme sans savoir n'est pas un homme libre. Un ancien roi du Zanskar (Tashi Namgyal Gyalpo) a même dit: « L'école est importante pour apprendre à lutter contre la maladie ou contre la faim. Ensuite, les textes sacrés sont aussi importants pour comprendre la finalité du monde. Les deux sources de savoirs sont indispensables pour s'accomplir. L'un sans l'autre reste stérile. » [in "Le fleuve gelé", Olivier Föllmi, éd. La Martinière] Ce chemin vers le savoir, c'est le Tchadar. Tchadar, c'est le nom que prend le fleuve Zanskar, l'hiver, lorsqu'il est gelé. Pour ceux qui décident de l'emprunter, c'est un dangereux périple d'une douzaine de jours, sur un sentier de glace craquante qui risque de s'effondrer à tout moment. Et l'eau, en dessous, est à environ 2 degrés. Hydrocution immédiate en cas de chute ! Le peuple Zanskari est fascinant. Dans son livre "Le fleuve gelé" (éd. La Martinière) Olivier Föllmi rapporte une conversation qu'il a eue avec le père d'un enfant qui allait quitter Tahan pour Leh, par le dangereux trajet sur la Zanskar gelée. Faisant remarquer que les enfants risquaient de ne plus revenir au Zanskar, le père répondit: « Comment savoir ce que Motup et Diskit [les enfants] deviendront ? Nous devons leur donner les meilleures chances maintenant ; ensuite nous ne pourrons plus les aider à se réaliser. S'ils choisissent de ne plus revenir, c'est qu'ils sont plus heureux ailleurs. Et s'ils sont plus heureux, que pourrais-je vouloir de plus ? » Et que dire de plus ?
Ressources sur le Zanskar:
Olivier Föllmi, édition La Martinière
L'école au bout du fleuve
Hommage au Tibet
L'Himalaya
Zanskar, les écoliers de l'Himalaya
Les Ladakhi du Kashmir
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